14 – 31 janvier : La Martinique

Après toutes ces escales dans les îles anglophones, nous arrivons enfin en Martinique ! Quel plaisir de découvrir ce petit bout de France et de retrouver les produits français en magasin : des yaourts, du fromage, de la baguette…

La navigation est encore un peu chaotique avec une mer courte et beaucoup de vent qui rendent la traversée assez peu agréable. Nous nous installons au mouillage à Ste Anne et nous ne sommes clairement pas les seuls. Au moins 300 bateaux nous entourent. Nous retrouvons Toucan mais aussi Daria que nous avions rencontré à Tenerife.

Mardi matin c’est opération ramassage de plage en parallèle de la classe des CM au Verdon ! Leur recolte est bien plus impressionnante que la nôtre ! N’hésitez pas à aller jeter un coup d’oeil à l’article qui décrit le protocole.

Jean-Jacques profite à fond des quelques jours de vent pour tester une nouvelle aile de WingFoil. Malheureusement tout n’est pas rose à bord : nous passons aussi beaucoup de temps à gérer nos soucis d’enrouleur de génois, dont la pièce est bloquée à Charles de Gaulle. Rien n’est simple puisque, pour des questions d’assurance, le démontage doit être fait par un professionnel en présence de l’expert de l’assurance et d’un huissier.

Si trouver une voiture de location est une mission un peu complexe en cette haute saison touristique, nous debarquons tout de même à terre pour une jolie balade. Nous longeons l’étan des Salines au milieu de la mangrove pour ensuite déboucher sur la Savane des Pétrifications, étonnant décor volcanique qui nous rappelle les Canaries.

Le reste de la semaine se passe calmement, entre retrouvailles avec White Pelican et sessions de WingFoil endiablées. Lundi, nous avons confirmation que nos pièces sont bien arrivées chez Caraïbes Gréement : nous allons donc pouvoir changer l’enrouleur et récupérer un génois ! Mardi soir, nous arrivons donc au ponton du chantier et mercredi nous voilà avec un bel enrouleur tout neuf.

Vendredi, retour au mouillage à Ste Anne et Samedi, nous accueillons à bord Matthieu, Hélène et Charlotte, des amis cherbougeois en vacances en Martinique pour deux semaines. Charlotte découvre à bientôt 2 ans les joies du voilier et de la baignade en mer pendant que ces messieurs explorent les alentours en snorkeling. La journée s’achève en beauté avec un dîner chez Anacoco, nouveau bateau copain.

Dimanche, nouveau changement de mouillage pour rejoindre Pointe du Bout où nous retrouvons Hélia, des copains rencontrés pendant la traversée Canaries Cap Vert ! Une nouvelle bonne soirée en perspective ! Nous partons dès le lendemain pour le Lamentin : objectif Décathlon ! On retrouve avec plaisir nos petites habitudes françaises et on fait quelques achats pour faciliter la pêche à la langouste.

Le Lamentin a également l’avantage de ne pas être trop loin de Matthieu, Hélène et leur fille : nous visitons donc avec eux de jolis jardins, les Jardins de Batala mais aussi l’Habitation Clément, magnifique propriété produisant le rhum du même nom. La visite vaut le détour : le parc est très beau, la maison typique et la dégustation de rhum très agréable. Après une belle-après midi chez les cousins de Matthieu, Sylvain et Dom, nous retrouvons AuriJin.

Mercredi c’est journée entretien bateau mais aussi l’arrivée de Clémence et Théo à bord qui passeront 10 à 15 jours avec nous. A peine arrivés, nous les entraînons vers la Dominique pour continuer notre remontée vers le Nord.

Ramassage de plage de chaque côté de l’Atlantique

SEAnitiatives poursuit ces actions, notamment en parallèle de la classe des CM du Verdon sur mer. Pour sensibiliser les enfants à l’impact des déchets plastiques mais aussi les initier aux protocoles scientifiques, nous allons procéder en même temps qu’eux à un ramassage des macro, meso et micro déchets plastiques. Pour ce premier essai, les élèves seront la plage océane du Verdon et nous sur la plage de la pointe Marin à Ste Anne.

Nous suivons un protocole en 3 étapes, fourni par le CPIE Médoc.

Les conditions suivantes doivent être respectées :

– marée descendante

– coefficients descendants

– pas de nettoyage récent du site (2 semaines minimum)

Les macrodéchets sont des déchets de taille supérieure à 2,5 cm. Les mésoplastiques ont une taille comprise entre 5 mm et 2,5 cm de diamètre. Les microplastiques ont une taille comprise entre 1 et 5 mm de diamètre. Notre protocole s’intéresse prioritairement aux méso et microplastiques ayant une densité <1 (ceux qui flottent) car ce sont ceux-là que l’on retrouve à la surface de l’Océan.

Un transect parallèle au rivage de 100m de long est mesuré. La zone d’étude est implantée, d’une part, entre les deux extrêmités de cette bande de 100m et, d’autre part, entre la 1ère laisse de mer et le pied de dune.

Après un ramassage des macrodéchets, nous délimitons sur la zone d’étude, 4 bandes de 50 cm de large, perpendiculaires au rivage et réparties uniformément sur la zone. Alors qu’en France, chaque groupe d’enfant se consacre à une de ces bandes, nous faisons de même à deux en Martinique.

Nous plaçons des quadras de 50cm x 50cm à chaque laisse de mer, puis prélevons à la truelle, dans chaque quadra, les 5 premiers millimètres. Ce dépôt de surface est ensuite plongé dans un seau d’eau et nous récupérons ce qui flotte à l’aide d’une passoire fine en métal.

Pour terminer, le dernier prélèvement est à effectuer en haut de plage, en dehors des laisses, dans une zone qui est atteinte, au moins de temps en temps par l’eau, à une profondeur de 10 cm. Nous remplissons 8 pots à confiture prélevé tout le long de la zone et déposons le tout dans un nouveau sot rempli d’eau avant de récupérer ce qui flotte à l’aide de la passoire.

La récolte de la classe du Verdon est abondante même si leur temps limité ne leur permet pas de ramasser autant de déchets qu’ils l’auraient voulu. La notre est plus mince : notre plage est situé sous le vent de l’île et peu de déchets s’y déposent. Nous trouvons toutefois quelques mégots et bouchons ainsi que quelques billes de polystyrène.

Nous renouvelerons cette petite experience dans quelques mois pour interpréter tous ces résultats !

4 – 13 janvier : Ste Lucie

Après les Grenadines, AuriJin suit son chemin vers le Nord de l’arc antillais pour rejoindre Ste Lucie.

La navigation entre Bequia et Ste Lucie n’est pas facile : St Vincent masque le vent et nous avançons donc au moteur dans un premier temps. Une fois, l’île dépassée, le vent souffle. La bonne nouvelle est que nous pouvons donc naviguer avec la trinquette, la petite voile tempête que nous utilisons depuis la casse de l’enrouleur. La mauvaise nouvelle est qu’avec le vent, arrivent les vagues : notre capitaine et moi sommes donc un peu malades. Mais le mouillage à l’arrivée en vaut la peine !

Nous arrivons entre les deux pitons, symboles de l’île pour nous mettre à la bouée dans une magnifique baie devant la Sugar Beach et son hôtel de luxe. Après une nuit calme, nous profitons des lieux, y compris le joli snorkeling de l’Anse des Pitons, et découvrons le village de Soufrière… ses chèvres, ses poules… et ses cochons !

Vendredi, nous quittons le bateau au levé du soleil pour une balade à terre. Le chemin est escarpé, ça fait les cuisses ! Nous suivons la route jusqu’aux Sulfur Springs. Sur place, nous découvrons le volcan de Soufrière, ses fumeroles et boues bouillonnantes. Les couleurs mêlant le blanc, l’ocre et le vert compensent l’odeur désagreable de soufre. Après cette longue marche, quoi de tel qu’un petit bain… de boue ! Les gaz du volcan chauffent l’eau des cascades qui rejoignent des piscines à plus de 38°C. Un petit plouf puis nous nous enduisons d’une boue blanche supposément bonne pour la peau. Un petit gommage fort agréable !

Après cette petite pause, nous faisons demi-tour pour rejoindre la Cascade des Pitons. Nous profitons d’une nouvelle baignade dans ses jolies sources tièdes. Après un dernier effort, nous voilà de retour sur AuriJin.

Samedi matin, nous reprenons la mer pour rejoindre Rodney Bay au Nord de Ste Lucie où nous attend Antonio sur Bluemoona avant son départ pour le tour du monde avec l’ARC.

La semaine dans ce joli mouillage a été plutôt calme : entre retrouvailles, avec Bluemoona mais aussi avec l’équipage de Toucan que nous avions laissé au Cap Vert, balade sur Pigeon Island et le retour des séances de WingFoil pour JJ.

Gros Islet, le village près de Rodney Bay est également réputé pour la fête qui a lieu chaque vendredi soir où touristes et locaux se rencontrent autour d’un barbecue et d’enceintes géantes. L’occasion pour Jean-Jacques de se remettre au billard. Résultat défaite 2-1 mais l’honneur est sauf !

Après un dernier au revoir à Bluemoona qui part pour la Colombie, nous reprenons notre chemin vers un petit bout de France : la Martinique !

24 décembre- 2 janvier : un Noël aux Grenadines

Noël est là et pour l’occasion nous avons rejoint les mythiques Tobago Cays, réserve naturelle joyaux des Grenadines. AuriJin est entourée de tortues… et de quelques voisins.

Le 23 décembre, après une courte navigation, nous découvrons les lieux en snorkeling, admirons les tortues et les étoiles de mer.

Le jour du réveillon après une plongée matinale sur le récif pour contempler coraux et poissons multicolores, nous nous dirigeons vers l’île de Petit Bateau pour une jolie balade avec un magnifique point de vue sur le mouillage. De l’autre côté de l’île se trouvent quelques restaurants qui servent des langoustes au barbecue dans un décor de carte postale, au milieu des iguanes !

Surprise, nous retrouvons au mouillage Gilles de Grand Citron Vert que nous avions croisé à Gran Canaria et Mindelo mais aussi un bateau avec 2 jeunes Allemands, Félix et Ole. Tout ce joli petit monde se retrouve pour un repas de réveillon sortant de l’ordinaire: un barbecue de langoustes sur la plage.

Le jour de Noël, nous retrouvons Sturdeee qui avait accompagné notre traversée de l’Atlantique avec nos appels VHF quotidien, l’occasion d’un petit verre de Lillet sur le paddle ! La journée se poursuit entre repos et snorkeling.

Nous terminons notre superbe séjour aux Tobago Cays avec un déjeuner et un après-midi sur la plage avec nos copains de Noël ! L’occasion pour Jean-Jacques et Félix d’aller chercher et d’ouvrir quelques noix de coco !

Nous quittons finalement ce mouillage mythique et poursuivons notre route vers le Nord. Nous rejoignons Canouan et la baie de Mahault où nous sommes seuls au monde. Le débarquement à terre est toutefois un peu sportif et nous nous sommes retournés en annexe à l’aller mais aussi au retour ! Heureusement, nous n’avions pas mis le moteur. Sur l’île, un chemin nous emmène faire les rencontres de tortues terrestres. Au bout de la route, la vue sur la mer et le golf est superbe.

Antonio et Bluemoona nous rejoignent quelques heures au mouillage avant de poursuivre leur chemin vers Ste Lucie. L’occasion d’un nouvel apéro et d’un petit cadeau de Noël !

Pour le nouvel an, nous prenons la direction de Bequia (qui se prononce Bekwè). La petite ville y est animée et joliement décorée d’illuminations de Noël. Nous y retrouvons d’abord Gilles de Grand Citron Vert. Le 30 décembre, nous découvrons avec lui, après un déjeuner dans l’une des cabanes où les locaux font de supers barbecues, la jolie promenade qui va de la ville à la plage, récemment rénovée.

Le dernier jour de 2023 est finalement là. Nous commençons la journée par une messe locale pour découvrir l’importance des chansons (si entrainantes !) dans la pratique de la religion ici. Le soir, nous retrouvons Ole et Félix : la soirée fut très sympathique entre feu d’artifice et danse.

Après une journée tranquille pour récupérer de cette folle soirée (si, si je vous assure, il faut au moins ça !), nous nous rendons à Port Élisabeth pour le check out. Toutefois, avant de dire au revoir à Bequia et aux Grenadines, une dernière journée nous attend et elle a été riche en surprises. En ville, nous croisons le chemin d’Alex, un pêcheur de Bequia que nous avions rencontré dans le petit bar où nous avions mangé avec Gilles, puis à nouveau lors du réveillon lorsqu’il préparait les gigantesques enceintes. Alex, pour le plus grand plaisir de Jean-Jacques nous a proposé de nous joindre à lui et sa femme Becky pour aller relever ses casiers à poisson. Nous voilà donc partis sur son bateau, Horus, pour près de 2h de balades. Au retour, Jean-Jacques l’aide à nettoyer les poissons autour d’une bière. Une superbe expérience !

Demain, nous levons l’ancre à nouveau pour une navigation un peu plus longue, direction Ste Lucie !

16 – 23 décembre : Les Grenadines

Les Grenadines sont un archipel divisé entre deux États : Grenade au Sud et St Vincent-et-les-Grenadines au Nord. Notre première étape nous amène à Carriacou, petite île dépendante de Grenade.

Après un premier mouillage tout au sud, où Jean-Jacques a pu admirer quelques superbes coraux en snorkeling, nous gagnons Tyrell Bay où la houle rentre un peu moins. Après les journées intenses de réparation sur le bateau, nous nous posons un peu pour profiter du rythme antillais. Tyrell Bay est un petit village sans intérêt immense mais la mangrove qui l’entoure nous donne l’occasion de faire une agréable petite balade en annexe au milieu des hérons et autres échassiers.

Pour notre dernière journée à Carriacou, nous mouillons devant Sandy Island où nous découvrons une véritable carte postale : cocotiers, plages de sable blanc, eau translucide. Un petit tour en paddle et voilà Jean-Jacques en recherche de coco qu’il décroche à grand renfort de coup de pagaie.

Nous reprenons finalement notre chemin vers le Nord, direction Union Island. Le mouillage offre ici encore un décor superbe avec un lagon bleu bien abrité. Nous laissons AuriJin pour marcher vers Clifton, ville principale où nous ferons la clearance d’entrée. Le chemin en lui-même vaut le détour avec des ponts suspendus au dessus du lagon pour rejoindre un sentier de balade dans la mangrove. La ville n’est pas bien grande mais on y trouve quelques bars-cafés et des boutiques de fruits et légumes pour ravitailler le bateau. Nous terminons la journée avec un petit verre sur la plage bien accompagnés par Coco, le châton.


Notre seconde journée à Union Island est plus calme, au grand désarroi de Jean-Jacques. Après à peine quelques minutes sur sa nouvelle planche de WingFoil, son aile a littéralement explosé, annulant du même coup sa séance de sport et toutes les suivantes si le vent ne forcit pas un peu (qu’il puisse utiliser une aile plus petite). La pluie vient également se joindre à la fête pour garantir une journée de repos.

Samedi 23 décembre, Noël approche et nous partons donc direction les Tobago Cays, lieu mythique des Grenadines. Le minuscule archipel est entouré d’un récif de coraux et est réputé pour sa faune, notamment nos amies les tortues ! Une fois AuriJin à la bouée entre Petit Rameau et Baradal, nous nous mettons à l’eau pour observer les herbiers où petits poissons croisent les étoiles de mer. J’aurais voulu vous mettre un petit aperçu vu du ciel mais il semblerait que notre karma ne soit pas très bon puisque c’est au tour de la télécommande du drone de rendre l’âme.


Rassurez-vous notre petit équipage reste hyper positif : Noël aux Caraïbes, ce n’est pas trop mal 😉 Je vous raconterai ça dans un prochain article !

 3 au 16 décembre : Grenade

Et bien ça y est, nous voilà de l’autre coté de l’Atlantique. Après 16 jours de mer, nous arrivons enfin en vue de Grenade. Au coucher du soleil, nous mouillons dans la baie de Prickly Bay où nous accueille Frimousse, Sun Odyssey 37, parti 5 jours avant nous avec une famille à bord.
Après une bonne douche méritée, nous descendons à terre (enfin !) avec Frimousse pour y goûter une excellente pina colada et un burger. Pas très typique mais tellement agréable.

Le lendemain, nous prenons le bus, ou plutôt le minibus local avec ses chauffeurs un poil rapide et sa musique à fond, direction St Louis Marina où Bluemoona et Antonio sont arrivés 2 jours plus tôt. Objectif : nous mettre en règle avec les douanes mais aussi rencontrer les bateaux avec lesquels nous avons discuté à la VHF pendant la traversée : Circle Game et Sturdeee. La journée est assez chargée mais nous rentrons tôt car la fatigue est bien présente…. Pas avant toutefois un dernier verre à Prickly Bay pour dire au revoir à François qui rejoint la France dès mardi matin.

Mardi c’est journée visite : Gareth, l’un des équipiers de Bluemoona, et sa femme, nous emmènent rue le site de l’ancien aéroport sur lequel 2 carcasses d’avion de la guerre froide trônent encore fièrement. Après son indépendance, Grenade a été dirigé par un gouvernement sympathisant de Cuba et de la Russie. Lorsque la révolution a éclaté, les américains et le bloc soviétique ont tous les deux chercher à intervenir. Ces avions, l’un cubain, l’autre russe sont les vestiges de ce court épisode. Un petit bout d’histoire très amusant au milieu des vaches à l’attache qu’il serait impossible d’observer en Europe !

Nous filons ensuite vers Belmonte Estate, une plantation de cacao : la visite est très intéressante entre production, macération, séchage et transformation. Le chocolat est extraordinairement bon en particulier le boule de cacao qui est utilisé pour préparer une sorte de chocolat chaud aux épices. Nous déjeûnons sur place de plats typiques au milieu de chansons de Noël. Les visites continuent ensuite dans les petites villes de l’île, aux maisons sur pilotis. Quel dépaysement !

Notre séjour se poursuit avec quelques courses : les magasins sont remplis de produits américains, c’est donc l’occasion de tester… le Mac&cheese, le beurre de cacahuète et autres « spécialités » ! Un peu de mise à jour du site, de bricolage sur le bateau et la journée de mercredi s’achève sur un dîner au street food market de dodgy dock.

Après une journée à la Marina pour filer un petit coup de main à Bluemoona qui a des soucis avec son générateur, vendredi nous prenons un taxi avec de nouveaux copains (belges, allemands et colombiens) direction les cascades Seven Sisters. La marche d’une petite demi-heure nécessite de bonnes chaussures étant donné la boue glissante qui recouvre le chemin en pente. En bas, une série de cascades se jète dans de petits bassins, le décor est magnifique malgré la pluie battante qui nous accueille. Pas de quoi décourager Jean-Jacques qui suit notre guide pour un petit saut du haut de la cascade.

Toujours sous la pluie nous prenons ensuite le chemin du retour. Le taxi nous dépose dans une petite boutique d’épices pour y découvrir canelle, noix de muscade et vanille. La visite continue dans un restaurant local avec un succulent mélange de plats. La journée se termine avec un petit détour à la marina pour saluer Antonio.

Le week-end est studieux entre bricolage à bord et nouvel avitaillement. Après un dernier coup de main à Antonio et ses problèmes de générateur, mercredi 13 décembre nous quittons Prickly Bay. Ou plutôt nous essayons de quitter Prickly Bay puisque à peine 1 mille nautique après avoir levé l’ancre, lors du déroulage du génois, l’enrouler s’est purement et simplement ouvert en deux. Affalage du génois à la hâte et demi-tour toute ! Heureusement l’étai (le gros câble à l’avant qui tient le mât) n’est pas solidaire de l’enrouler donc pas de risque de démâtage.

Pour la petite histoire, nous avions fait entretenir cette pièce chez un professionnel aux Canaries… Nous avons donc un peu de travail pour tenter un règlement à l’amiable, faire jouer les assurances, et surtout trouver une pièce de remplacement avant que tout ne ferme entre Noël et le Jour de l’An.

Comme les malheurs n’arrivent jamais seuls, nous avons également un petit souci sur l’ordinateur de bord et sur le moteur d’annexe, mais Jean-Jacques l’expert est là pour tout réparer ! Nous voilà donc repartis 3 jours plus tard sous trinquette puisque nous n’avons plus de génois. Direction Carriacou puis les Grenadines.

17 novembre – 3 décembre : TRANSATLANTIQUE

16 jours 8 heures,
2650 miles nautiques parcourus soit 4900 km
6,7 Noeuds de moyenne
Moins de 5 heures au moteur incluant manœuvres de départ et d’arrivée
150L d’eau douce consommée incluant l’eau de boisson
2 poubelles de 30L
Une jolie pêche
Un certain nombre d’empannages, d’envois et d’affalages de spi symétrique
L’intégrale des Star Wars, deux saisons de LOST et plus de 100h de livre audio

Voilà en quelques chiffres un résumé de ces journées en mer à trois avec François et Jean-Jacques. Je ne vous ferai pas le récit jour après jour de la traversée… simplement parce que ce serait fort rébarbatif, les journées se ressemblant plus ou moins toutes rythmées par les manœuvres, les calculs de routages, quelques heures de siestes, un peu de pêche, les repas pas toujours variés (la semoule et le riz sont nos amis), quelques apéros…


Il y a quelques points que nous aurions pu améliorer dans notre préparation. Si c’était à refaire, Jean-Jacques aurait aimé prévoir deux ou trois jours avec François avant le départ à bord pour préparer l’équipage à la navigation et aux manœuvres en mode transat. Il aurait aussi certainement prévu, connaissant le profil de François, orienté, comme lui, régate et vitesse, une ou deux voiles de plus : des spi lourds supplémentaires que l’on peut hisser entre 15 et 25-30 noeuds de vent réel. Nous aurions également dû dégivrer le frigo avant le départ, et pas pendant la navigation, mais aussi décharger un peu certains placards qui déversaient leur contenu sur nous à la moindre ouverture.

Pendant la navigation, nous avons croisé une quantité importante de sargasses, ces algues qui prolifèrent en eaux chaudes. Nous nous sommes rendus compte qu’elles se coinçaient dans le safran, ralentissant le bateau et le rendant dangereux car moins manœuvrable. Une petite marche arrière matin et soir, nous aurait permis de régler ce souci plus tôt. Concernant la pêche, le poisson remonté par l’équipage se résume à un beau thazard de 15kg qui nous a nourri pendant presque une semaine : nous étions donc contents de ne pas avoir pêché avant d’avoir consommé une grande partie de ce que contenait le frigo. Pourtant Jean-Jacques a regretté d’avoir pris tant de temps pour lever de beaux filets alors qu’à 3, sans congélateur, nous avons à peine pu en manger la moitié.

De mon côté, la gestion du mal de mer et de la fatigue qu’il induit n’a pas été évidente et je ne vous cache pas que deux semaines de mer, c’est un peu trop long pour moi. Mais pas d’inquiétude, je suis vivante et j’ai même commencé à ouvrir mon calendrier de l’avent pendant la traversée !

Il y a surtout eu beaucoup beaucoup de positif dans cette traversée et notamment dans notre préparation : d’abord nous n’avons rien cassé et ça, c’est déjà super ! Ensuite, nous étions notamment complètement autonomes en énergie sans utiliser le moteur grâce aux panneaux solaires. Nous sommes également assez fiers de notre gestion de l’eau et de nos déchets.

L’ajout du gyroscope au pilote automatique a également été un vrai plus, notamment dans la houle de 2m, 3/4 arrière par 20 noeuds de vent à 160° d’angle vent réel (TWD) le tout sous spi symmétrique. Malgré l’absence de radar à bord, Jean-Jacques et François ont su anticiper les grains en observant les nuages, leur déplacement et bourgeonnement, à la lumière du soleil puis de la lune. Les discussions à la VHF avec de nouveaux bateaux copains ont aussi aidé, grâce à leur propre veille radar. Enfin, Starlink, malgré un temps de connexion parfois un peu long du aux mouvements du bateau, a été un outil précieux et fiable. Nous sommes toutefois content d’avoir eu le backdup avec le Garmin Inreach qui nous aurait permis de communiquer avec nos proches et d’avoir la météo grâce à un ami s’il y avait eu un souci avec Starlink comme cela a été le cas pour d’autres bateaux.

En somme, beaucoup de positif à retenir de cette traversée même si des ajustements sont, bien sûr, à faire si nous renouvelons l’expérience. Et surtout, nous voilà finalement aux Antilles pour quelques mois où nous comptons bien profiter de leurs trésors !

5 – 17 novembre Mindelo, dernière étape mythique avant la transatlantique

Mindelo est l’un des ports mythiques des marins qui réalisent le même voyage que nous (ou plus : tour du monde, Cap Horn…). Situé sur l’île de Sao Vicente à l’Ouest du Cap vert, ce sera notre dernière étape avant d’entamer la traversée vers les Antilles.

Nous y arrivons le 5 novembre en début d’après midi pour pouvoir accueillir Martine, la maman de Jean-Jacques pendant un court séjour à bord. Notre passage au port, le premier depuis notre arrivée au Cap Vert, nous permet de faire quelques petits travaux, de visiter la ville et de prendre une bonne douche (ou plusieurs !). Nous découvrons ici le grand marché de la ville et le floating bar, point de rencontre des marins aux burgers fort appétissants !

Martine arrive à bord le 6 novembre après un long vol. Elle nous apporte gentiment dans ses valises quelques surprises notamment du matériel de Wingfoil pour Jean-Jacques et des décos de Noël pour moi mais aussi des pièces pour réparer quelques défauts sur AuriJin. L’après midi est donc consacrée au bricolage afin de nous s’assurer que tout le matériel commandé convient.

Mardi, nous prenons la direction des différents quartiers de Mindelo, ses marchés de fruits et légumes, de poisson et ses peintures colorées. Le quartier de Ribeira Bote offre de magnifiques dessins aux multiples couleurs ainsi qu’une belle vue sur la marina et sur l’ensemble de la ville. En parlant de jolie point de vue, nous visitons également la tour de Bellem, copie de la version portugaise qui abrite un musée regroupant les objets abandonnés dans les épaves de navires du XVIème et XVIIème siècles.

Pour terminer cette journée sur le thème de Mindelo, nous dînons dans une sorte de bar PMU local où le match foot occupe les clients entre deux bouchées de cachupa, un plat typique à base de maïs, pois chiche et haricot : ça nourrit bien son homme !

Le lendemain, direction Sao Pedro, village de pêcheur du sud de l’île. Nous prenons le « collectivo » sorte de minibus / taxi collectif qui a l’avantage de ne coûter qu’un euro par personne. Inconvénient : il ne faut pas être pressé puisqu’il part quand il est plein. Le village est petit mais très authentique avec des barques de pêcheurs dans les rues et une vue magnifique. La principale raison de notre venue est la présence de tortues vertes. Attraction certes touristique, elle est entretenue par les locaux qui nous promène en barque de bois tout en nourrissant les animaux pour les attirer. Le moment n’en est pas moins extraordinaire avec ces sublimes tortues qui nagent avec grâce autour de nous pendant près d’une heure.

Le 9 novembre est déjà là : Martine repart donc vers la France et nous finissons les derniers réglages d’AuriJin avant de quitter le port pour le mouillage : l’ARC, flotte de navires traversant l’Atlantique arrive et réserve l’ensemble de la marina.

Mais qui dit arrivée de l’ARC dit aussi retrouvailles avec Antonio, que vous avions rencontré aux Canaries : Bluemoona entre ainsi à Mindelo le 11 novembre au matin. Nous le retrouvons avec plaisir et faisons la connaissance de son équipage. Leur arrivée est également l’occasion de retourner voir Sao Pedro et ses magnifiques tortues.

Lundi 13 novembre, nous laissons la belle AuriJin au mouillage pour prendre le ferry direction Sao Antao. Île voisine de Sao Vicente, elle a la réputation d’être la plus belle ile de l’archipel cap-verdienne. Nous ne sommes pas déçus : après une petite heure de traversée, nous découvrons un joyau de verdure où pousse de véritable forêt de cannes à sucre. Un minibus nous dépose en haut du cratère de Cova et nous voilà partis pour près de 5 heures de descente dans un paysage où la montagne se mêle aux cultures. Une jolie dernière parenthèse avant de se mettre en modo transatlantique.

Parce que oui, vous l’aurez compris, notre première traversée de l’Océan Atlantique approche ! Il faut donc compléter le ravitaillement, faire les dernières lessives, nettoyer la coque, vérifier que tout fonctionne… JJ en profite même pour faire un petit tour chez le coiffeur histoire d’avoir moins chaud. François, notre équipier et bon ami, arrive jeudi : départ prévu demain, vendredi 17 novembre ! See you on the other side !

29 Octobre au 5 Novembre : De Sao Nicolao à Mindelo

La visite des îles du Cap Vert continue avec Sao Nicolao, au centre des îles du Nord. Nous y arrivons après une nuit de navigation le 29 octobre au matin et posons l’ancre devant Tarrafal, la ville la plus importante en terme de population. A notre arrivée, nous sommes surpris par l’insistance de certains hommes, décidés à garder l’annexe ou à nous faire visiter l’île à tout prix. Nous étions habitués à des propositions calmes et à une présence peu insistante, nous trouvons ici des locaux un peu collants.

L’avantage est qu’il est du coup facile de trouver un guide pour une nouvelle journée d’exploration à terre. Lundi matin, nous partons donc à nouveau en minibus guidé par Nilson, avec la famille dans le vent de White Pélican ainsi que 5 autres français voyageant entre amis. Première étape : le bus file vers les hauteurs de l’île. Nous perdons quelques degrés et découvrons un paysage bien plus végétal que ce que nous avions rencontré jusqu’ici au Cap Vert. Notre chauffeur nous dépose en haut d’un chemin de montagne : il ne nous reste qu’à descendre vers les maisons et les villages au milieu des arbres fruitiers : bananes, mangues, goyaves, oranges etc.

Notre guide nous emmène ensuite vers Ribeira Brava, une jolie petite ville où nous nous arrêtons pour déjeuner à l’ombre d’un parc devant l’école municipale. Ce petit pique-nique est l’occasion de goûter une nouvelle experience culinaire : le gâteau au lait en poudre. En effet, l’avitaillement alimentaire est un peu complexe au Cap Vert, particulièrement sur les premières îles où nous avons sejourné : les produits sont chers, car importés, particulièrement le frais. On compense donc en faisant la cuisine notamment des cakes à la banane ! Et pour info, le lait en poudre ça marche nickel !

Après un petit tour dans le marché où se mêlent fruits et poissons, nous repartons une nouvelle fois, vers le nord de l’île. Nilson nous fait alors découvrir une magnifique piscine naturelle : nous sommes seuls et profitons de cette superbe pause dans un sublime décor.

Cette dernière escale marque la fin de notre escapade journalière et le minibus nous ramène donc à Tarrafal.

Le lendemain (Joyeux Halloween !), c’est matinée lessive à la main pour moi, petit tour au marché pour Jean-Jacques en quête éternelle de produits pas trop chers et de fruits et légumes. Nous enchaînons ensuite avec la visite de l’usine de thon en conserve locale et du musée de la pêche : petit instant culturel ! A la sortie de l’usine, des sacs de thon cuits sont vendus aux locaux 2€ les 2kg : le voilà le vrai bon plan ! L’occasion d’un repas très sympa partagé à bord de White Pelican.

Nous quittons finalement notre mouillage devant la ville pour un spot un peu sauvage pour quelques jours. Nous avions l’idée de rejoindre les îles de la réserve naturelle plus à l’ouest, mais la météo en a décidé autrement puisque le vent s’est levé avec des rafales jusqu’à 75km/h. Nous sommes donc restés à l’abri… à bord d’AuriJin. Deux journées plutôt tranquilles, entre cuisine, séries et réparation de petits accros dans le spi.

Après une dernière jolie journée sur ce mouillage pour fêter l’anniversaire de Victor, l’un des mousses de White Pélican, nous prenons de nouveau la mer direction Mindelo, dernière étape avant la transatlantique.

19 au 28 Octobre : Sal et Boa Vista

Nous avions laissé notre récit à Palmeira. Nous reprenons la mer vers un nouveau mouillage a à peine quelques miles nautiques de notre lieu d’arrivée. La baie est bien protégée mais aussi beaucoup plus sauvage. Les journées sont donc occupées entre lecture, pratique du wingfoil et apéro avec les bateaux copains.

Vendredi est une journée active pour les étudiants qui suivent SEAnitiatives. Alors que les vacances scolaires approchent en France, nous rencontrons en visio les jeunes d’une classe de 5ème d’un collège de la région bordelaise pour une courte présentation du projet et répondre à leurs questions. Objectif de ce cours d’Histoire-Géographie un peu particulier : donner un fil rouge aux élèves qui suivront nos aventures dans différents territoires, feront des exposés sur ces espaces et leurs particularités et en apprendrons plus sur les conséquences du changement climatique.

Le soir, nous retrouvons notre petite flottille sur la plage. Alors que la nuit était déjà tombée depuis plusieurs heures, nous avons vu débarquer un pick-up et 3 hommes travaillant pour une association de sauvegarde des tortues. Leur mission : trouver les trous dans lesquels les adultes ont pondu il y a quelques mois et aider les minuscules bébés tortues à rejoindre l’océan. Nous avons donc eu l’occasion de leur filer un coup de main et de contempler ce spectacle hors du commun.

Nous quittons à regret ce superbe spot : il faut bien continuer. Nous arrivons à Santa Maria au Sud de Sal, lieu très touristique mais aussi très agité que nous laissons donc derrière nous assez rapidement.

Après une courte navigation, nous rejoignons une nouvelle île : Boa Vista. Sal Rei, la ville principale est plus grande mais la vie y est aussi plus cher qu’à Sal. Nous trouvons tout de même un joli marché pour remplir un peu les réserves du bateau. Entre les magasins de fruits et légumes, les commerces de vêtements ne manquent pas, tenus généralement par des Sénégalais. L’occasion d’une chouette rencontre et d’un achat souvenir original !

Après ces deux jours un peu seuls au mouillage, les bateaux copains, Hélia, White Pélican, Toucan et Dunpie nous rejoignent petit à petit. Le nombre fait la force et nous voilà donc tous motivés pour une balade à terre pour découvrir un peu l’île.

Quelques négociations plus tard, Jean-Jacques parvient à nous trouver un minibus, idéal pour les 14 personnes que nous sommes, moyennant le prix de 1000 escoudros (soit environ 100 euros) les 5 heures. Nous voilà donc partis vers Rabil, un charmant petit village plus au Sud où se trouve l’école d’artisanat local. Trois hommes y réalisent des poteries de toutes tailles et particulièrement de petites tortues pour nous, les touristes : toujours mieux que le magnet chinois non ?

Nous poursuivons notre marche dans les rues du village et après une petite partie de babyfoot dans la rue (parce que, pourquoi pas !), nous reprenons le minibus direction le désert de Viana. Le temps se découvre et nous voilà au milieu de dunes à perte de vue.

3ème et dernière étape : la magnifique plage de Santa Monica où nous profitons d’un agréable déjeuner, d’une partie de cartes et d’une petite baignade. Nous reprenons ensuite la route vers Sal Rei pour un dernier tour en ville avant une nuit de repos bien méritée.

Jeudi 26 octobre, notre jolie flottille va malheureusement devoir se séparer, chacun ayant des obligations dans différentes directions : les uns vers Midelo à l’ouest, les autres vers Praia au sud, ou encore vers Dakar, au Sénégal. Nous passons donc une dernière chouette journée ensemble sur la plage. L’occasion d’une nouvelle action de SEAnitiatives : le sable est jonché de déchets plastiques et nous nous armons de 5 ou 6 sacs pour nettoyer tout ça. Un moment sympa doublé d’une bonne action. Nous terminons ainsi ce joli séjour à Boa Vista par un nouveau repas à bord du catamaran Toucan.

Vendredi soir, nous reprenons la mer, accompagné par White Pélican : prochaine étape Sao Nicolao.

NOS RECOMMANDATIONS / COUPS DE CŒURS :

  • L’aide à la mise à l’eau des bébés tortues, bien sur. Extraordinaire !
  • Les minibus de la ville de Sal Rei: bon plan pour une visite de l’île
  • La jolie petite école d’artisanat, du vrai local.